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Comment aider une victime d’agression physique ou sexuelle : gestes, mots et ressources

Lorsqu’une personne nous révèle avoir subi une agression — qu’elle soit physique ou sexuelle, dans un contexte conjugal ou pas — il est fréquent de se sentir impuissant. On a peur de mal réagir, de raviver la douleur ou de ne pas dire les bons mots.


Pourtant, un accompagnement bienveillant, respectueux et informé peut faire toute la différence dans le parcours de guérison de la victime! 


Voici un guide simple et pratique pour donner des pistes sur quoi dire, quoi faire, et comment aider.


Accueillir la parole avec douceur


Lorsqu’une victime vous confie ce qu’elle a vécu :


  • Écoutez sans interrompre. Votre rôle est d’accueillir la parole, pas d'analyser ni de résoudre le problème tout de suite. Optez pour un silence actif : regardez la personne avec attention, soyez engagé et hochez doucement la tête pour montrer que vous écoutez. Vous pouvez ponctuer l’écoute de murmures brefs : « Je comprends. », « Je suis là. »



  • Croyez-la. Évitez toute forme de doute ou de remise en question.  Gardez vos "oui mais", vos réflexes d'analyse ou vos jugements pour vous! Ne laissez aucun doute transparaître, même si ce qu’elle raconte vous surprend ou vous choque. Exemples à éviter : « Tu es sûre de ce qui s'est passé ? » ou encore « Peut-être que tu as mal interprété... ». Au lieu de ça, validez simplement par un « Merci de m’avoir fait confiance pour m’en parler. »


  • Validez son ressenti. Reconnaître ce qu'elle vit est fondamental pour qu’elle se sente crue et respectée. Dites par exemple : « Ce que tu as vécu est grave. Merci de m’en parler. », « Ce que tu ressens est complètement légitime. », « Tu as le droit de te sentir en colère/triste/choqué(e). » Le but est de normaliser ses émotions et de réaffirmer sa légitimité à ressentir ce qu'elle ressent.


  • Rappelez-lui que ce n’est pas de sa faute. Même si la victime ne le verbalise pas, elle porte souvent un sentiment diffus de culpabilité (culture du viol, stéréotypes sociaux, etc.). « Tu n’as rien fait pour mériter ce qui t’est arrivé. » « La seule personne responsable, c’est l’agresseur. » « Peu importe où tu étais, ce que tu portais ou ce que tu as dit : tu n’es pas responsable. » En répétant ce genre d’affirmations simples, vous l’aidez à briser les mécanismes intérieurs de honte et d'auto-accusation.


  • Respectez son rythme. Ne posez pas de questions intrusives. Il est crucial de ne pas précipiter la victime vers une décision (porter plainte, quitter un partenaire, consulter...).


Cela dit, ne pas brusquer ne veut pas dire ne rien faire : vous pouvez poser des questions ouvertes, respectueuses, qui lui permettent de réfléchir à ses options sans la forcer: 
« Veux-tu que je t’aide à trouver des ressources ou des personnes de confiance ? » 
« Est-ce que tu aimerais qu’on en parle un peu plus, ou préfères-tu attendre ? » 
« Comment puis-je te soutenir dans ce que tu souhaites faire maintenant ? »
 
L'objectif est d'offrir des pistes, sans jamais imposer un choix. Cela donne à la victime du contrôle, ce qui est fondamental après un événement où elle en a été privée.


🧭 L’INSPQ (Institut national de santé publique du Québec) rappelle qu’il est essentiel d’offrir une écoute bienveillante sans minimiser ni dramatiser. Ce n’est pas à vous de juger la gravité, mais d’accompagner dans le respect du rythme de la victime.


🙋‍♀️ Selon SOS Violence conjugale, dans le cas de violence conjugale, il est important de ne pas brusquer la victime pour qu’elle quitte la relation ou prenne une décision immédiate. L’écoute, la patience et la constance sont souvent plus utiles qu’un "bon conseil" non sollicité.



14 messages à transmettre à une victime de violence conjugale (d'après SOS Violence conjugale)


1. Je te crois.


2. Tu as bien fait de m’en parler.


3. Je suis certaine que tu as des bonnes raisons d'éprouver (un malaise, de la peur, de la peine, etc.) face à la situation.


4. Tu as le droit d'avoir une perception différente de celle de ton partenaire.


5. Peu importe la situation, ton agresseur (partenaire, mari, etc.) n'aurait pas dû agir ainsi envers toi.


6. C'est normal d'avoir cru en la bonne volonté de ton partenaire et d’avoir espéré que les choses s’améliorent.


7. C’est une situation complexe et je comprends que tu aies de la difficulté à y voir clair.


8. Tes réactions sont normales, c'est ce que tu subis qui ne l'est pas.


9. C’est épuisant, physiquement et mentalement, de vivre dans un tel stress.


10. Tu as le droit de prendre ton temps pour prendre la meilleure décision pour assurer ta sécurité et celle de tes enfants.


11. Tu es la personne la mieux placée pour juger de ta situation et de ce qu’il faut faire.


12. Je ne ferai rien sans ton accord.


13. Il existe des ressources qui peuvent t’épauler à travers tout ça.


14. J’ai confiance en ton jugement. Tu prends les meilleures décisions possibles dans le contexte.

 


Offrir un soutien concret


Lorsqu’une personne confie avoir été agressée, il est naturel de vouloir l’aider, mais il est parfois difficile de savoir comment agir concrètement sans risquer d’être maladroit(e).

Voici des gestes simples et respectueux qui peuvent réellement faire une différence pour accompagner la victime avec bienveillance, sans jamais lui imposer quoi que ce soit.


L'encourager à consulter un professionnel de la santé

Encouragez-là à aller consulter un professionnel de la santé, sans la forcer! Vous pouvez lui fournir les contacts et les références. Vous pouvez aussi lui proposer de l'accompagner et lui faire comprendre ainsi qu'elle n'est pas obligée de faire ces démarches seules. Toujours sans rien imposer, mais en proposant votre support. Ainsi, si elle le veut, elle y aura accès, naturellement!


Dîtes-lui que ça lui permettra de:

- Soigner les blessures

- Effectuer un examen médico-légal (sans obligation de porter plainte)

- Recevoir un accompagnement psychosocial immédiat


📞 Pour connaître le centre désigné le plus près : 

1 888 933‑9007 (Info-aide violence sexuelle) ou composez le 811


L'aider à préserver les preuves

Si la personne est prête à recevoir votre aide, vous pouvez la soutenir dans la préservation des preuves. Cela lui permettra de garder toutes ses options ouvertes si elle choisit de porter plainte plus tard.


Voici comment l'aider concrètement :

- L'encourager à ne pas se laver, ne pas laver ses vêtements 

- Conserver les vêtements dans un sac en papier 

- L'aider à noter ou enregistrer les souvenirs pendant qu’ils sont frais


Pour plus de détails sur la préservation des preuves, allez consulter l'article Que faire après une agression physique ou sexuelle ?


💡 Rappelez à la victime qu’elle pourra toujours décider plus tard si elle souhaite utiliser ces éléments ou non. Préserver les preuves, c’est préserver sa liberté de choix.


Rester disponible, même plus tard dans le processus


Votre soutien ne s'arrête pas au moment où la personne dévoile ce qu’elle a vécu. Très souvent, les besoins évoluent au fil des jours et des semaines après l’agression.

Être présent dans la durée est un cadeau précieux que vous pouvez offrir.


Voici comment concrètement rester disponible :

- Accompagner la personne dans ses démarches, comme aller à l’hôpital pour un examen médical.

- Être présent lors d'une rencontre avec un centre de ressources ou un intervenant spécialisé.

- L’accompagner au poste de police si elle décide de porter plainte.

- L'aider à trouver un avocat, un psychologue ou un groupe de soutien.

- Proposer votre aide pour les suivis pratiques. Par exemple : Envoyer un message quelques jours après pour prendre des nouvelles : « Je pense à toi. Si tu as besoin de parler ou d’aide pour quoi que ce soit, je suis là. »

- Offrir du transport pour ses rendez-vous, surtout si elle se sent anxieuse de s'y rendre seule.

- Aider à remplir des formulaires (ex. demande à l’IVAC, démarches juridiques).


Attention, veillez à respecter son rythme dans la durée.

La victime peut avoir des moments de grande énergie suivis de moments de repli.

👉 Ne forcez jamais un échange. Soyez simplement une présence stable sur laquelle elle sait pouvoir compter quand elle sera prête.


La victime peut choisir de porter plainte ou non, maintenant ou plus tard. Elle peut ne pas vouloir en parler davantage. Elle a le droit de changer d’avis.

📌 En cas d’agression sexuelle, il n’y a pas de délai de prescription pour porter plainte au Québec. Même après des années, c’est encore possible (voir Éducaloi pour plus d'informations).


💡 Votre constance, même discrète, lui rappellera qu’elle n’est pas seule dans son cheminement.


🧭 L’INSPQ conseille de fournir de l’information sur les ressources disponibles et de valider si la victime souhaite que vous restiez impliqué·e ou non.



Si vous êtes témoin d’une agression


Au Québec, comme partout au Canada, porter assistance à une personne en danger est une obligation légale. Cela signifie que si vous êtes témoin d’une situation où quelqu’un est en danger réel et immédiat, vous devez intervenir de façon raisonnable.


Cela ne veut pas dire que vous devez risquer votre propre vie, mais vous devez faire quelque chose pour tenter d’aider :

- Appeler les secours (911) est souvent la meilleure action.

- Rester proche et témoigner peut aussi être vital pour la victime.


Ignorer volontairement une personne en détresse peut être considéré comme un manquement grave et entraîner des conséquences légales.

Mais surtout, au-delà de la loi, c’est un geste d'humanité essentielle : parfois, un simple regard, un mot ou un appel peuvent sauver une vie.


Si la situation est tendue, mais non urgente :

- Restez proche

- Intervenez discrètement (ex. : parler à la victime comme si vous la connaissiez)

- Offrez votre soutien après coup : « J’ai vu ce qui s’est passé. As-tu besoin d’aide ? »


Seul(e), on peut se sentir impuissant, mais, en tant que témoin, votre présence, votre regard et votre action, aussi discrète soit-elle, peuvent changer toute l’histoire pour une victime.


Conclusion : Soyez un point d’ancrage


Même si vous ne savez pas vraiment quoi dire, le simple fait d’être présent et bienveillant peut grandement aider une victime.


Et si vous voulez aller plus loin, en apprenant vous-même des réflexes de protection ou en accompagnant une proche dans sa reprise de pouvoir, découvrez notre programme Femmes en Confiance : un espace bienveillant, puissant et sécuritaire pour apprendre à se défendre physiquement, verbalement et émotionnellement



Sources pour en apprendre plus sur l'aide aux victimes:


- [Soutien à la victime de violence conjugale](https://www.inspq.qc.ca/violence-conjugale/ressources/soutien-la-victime), INSPQ.

- [Je veux aider quelqu'un](https://sosviolenceconjugale.ca/fr/je-veux-aider-quelqu-un), SOS Violence Conjugale


Ressources utiles à partager à une victime


🔹 [Info-aide violence sexuelle](https://infoaideviolencesexuelle.ca/jai-vecu-de-la-violence-sexuelle/

🔹 [SOS Violence conjugale](https://sosviolenceconjugale.ca/fr)

🔹 [IVAC – Indemnisation des victimes](https://www.ivac.qc.ca/victimes/Pages/conditions-dadmissibilite.aspx

🔹 [Éducaloi – Vos droits comme victime](https://educaloi.qc.ca/capsules/agression-sexuelle-poursuivre-des-annees-apres/

🔹 [Protecteur du citoyen – Vos recours](https://protecteurducitoyen.qc.ca/fr/conseils/capsules/recours-plainte-agression-sexuelle

🔹 [Fondation Jeunes en Tête](https://fondationjeunesentete.org/ressource/victime-dun-abus-sexuel-comment-reagir/

🔹 [GRC – Soutien aux victimes](https://grc.ca/fr/services-daide-victimes)

Comment aider une victime d’agression physique ou sexuelle : gestes, mots et ressources
Évolution Héroïque, Élisabeth Varennes 28 avril 2025
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Quoi faire après une agression sexuelle ou physique ?