Être victime d’une agression physique ou sexuelle est une expérience profondément bouleversante. Le choc, la honte, la peur, la colère, le sentiment d’impuissance... Les réactions peuvent être multiples, mais il est essentiel de se rappeler une chose : vous n’êtes pas seul(e), et vous avez des recours.
Dans cet article, nous vous présentons les étapes essentielles à considérer après une agression, que vous décidiez de porter plainte ou non. Vous trouverez aussi des ressources concrètes pour recevoir de l’aide, reprendre le contrôle et cheminer à votre rythme.
Assurez votre sécurité immédiate
Avant toute chose, assurez-vous que vous êtes dans un endroit sécuritaire, loin de l’agresseur. Si ce n’est pas le cas, appelez à l’aide ou quittez les lieux si possible.
Vous pouvez :
- Appeler le 911 si vous êtes en danger immédiat.
- Contacter une personne de confiance pour venir vous chercher.
- Vous rendre dans un poste de police ou une clinique médicale.
Ce n'est PAS votre faute!
Si vous êtes victime d'une agression sexuelle ou même physique, il est essentiel que vous compreniez que, quels que soient ce que vous avez fait, où vous étiez, à quelle heure de la journée ou ce que vous portiez, l'agression n'est en aucun cas de votre faute. L'agression sexuelle n'a que peu ou pas de rapport avec la passion, le désir ou l'excitation sexuelle. Elle est principalement fondée sur le besoin de l'agresseur de contrôler, de dominer, d'abuser et d'humilier. Et vous en avez été la victime.
Les victimes d'agressions sexuelles réagissent de différentes manières après l'agression. Les réactions peuvent aller du choc à la rage, en passant par des sentiments infondés de culpabilité ou de honte, l'engourdissement ou la peur de l'embarras.
Certains survivants sont incapables de se rappeler les faits exacts qui se sont produits, ça peut arriver, c'est tout à fait normal !
Comme mentionné, la première étape consiste à s'assurer que l'on se trouve dans un endroit sûr ou à se rendre dans un endroit où l'on se sent plus en sécurité. Envisagez la possibilité d'appeler un ami, un parent, votre partenaire, la police ou un avocat spécialement formé pour aider les victimes d'agressions sexuelles. Ces personnes formées peuvent fournir des informations et des conseils essentiels, et tout ce que vous partagez avec eux reste confidentiel.
Consultez un professionnel de la santé
Même si vous ne présentez pas de blessures visibles, il est important de consulter un professionnel, le plus rapidement possible, pour :
- Évaluer votre état physique et psychologique.
- Recevoir des soins médicaux.
- Faire un examen médico-légal si vous pensez porter plainte plus tard.
Ces examens sont gratuits et peuvent être faits même si vous ne portez pas plainte immédiatement. Vous avez généralement jusqu’à 7 jours pour faire un examen médico-légal, mais plus vous agissez rapidement, mieux c’est pour recueillir des preuves.
Au Québec, des centres hospitaliers désignés offrent des services spécialisés d’intervention après une agression sexuelle.
Pour connaître le centre le plus près :
📞 1 888 933‑9007 (Info-aide violence sexuelle) ou composez le 811.
La décision de signaler une agression sexuelle vous appartient. Cependant, si vous avez l'intention de signaler l'agression aux forces de l'ordre, que ce soit maintenant ou même plus tard, essayez de conserver autant de preuves que possible avant de vous rendre dans un centre hospitalier ou à la police...
Préservez les preuves
Si vous envisagez de porter plainte ou tout simplement de garder vos options ouvertes, ÉVITEZ de faire ces actions, afin de préserver les preuves :
- Prendre une douche, un bain ou une douche vaginale
- Jeter les vêtements portés au moment de l'agression. L'idéal est de les retirer délicatement (idéalement sans les retourner) et de les conserver dans un sac en papier (pas en plastique, qui pourrait altérer les indices biologiques).
- Brosser ou peigner ses cheveux
- Utiliser les toilettes
- Se brosser les dents ou se gargariser
- Se maquiller
- Nettoyer ou redresser la scène de crime. Éviter de modifier l'endroit de quelque façon que ce soit.
- Manger ou boire quelque chose
De plus, pour mettre toutes les chances de votre côté, essayez d'enregistrer tout ce dont vous vous souvenez de l'incident et de récolter le plus de preuves, le plus rapidement possible après l'agression:
- Description physique du/des agresseurs (taille, poids, couleur des cheveux, couleur des yeux, vêtements, cicatrices, tatouages, etc.)
- Déclarations, caractéristiques de la voix
- Preuves d'intoxication ou de consommation de drogues, de l'agresseur et/ou de vous-même
- Description des armes
- Détails de l'activité sexuelle
- Votre état physique ou émotionnel après l’agression
- Heure et lieu(x) de l'incident
- Instruments utilisés avant ou pendant l'agression
- Méthode d'approche (par exemple : « Excusez-moi, puis-je utiliser votre téléphone ?)
N'hésitez pas à vous enregistrer avec l'option Enregistreur Audio ou la caméra de votre téléphone. Prenez en photo toutes les marques sur votre corps, car certaines pourraient disparaitre le temps de vous rendre à un examen médico-légal. Prenez aussi en photo les lieux où l'agression s'est déroulée et les détails importants de la scène (nom de rue, numéro de chambre, lit défait, objets brisés, traces de sang ou autre liquides corporels, mouchoirs ou condoms usagés, l'heure sur une horloge ou un appareil électronique, preuves d'intoxication comme des pilules, des verres ou des drogues, preuve d'altercation physiques, etc.). Ces photos pourront servir de preuves même si la scène est modifiée par la suite, par l'agresseur ou quelqu'un d'autre (ménage dans une chambre d'hôtel par exemple).
❤️ Il est certain qu’après une agression, l’envie de se laver, de se changer, de « reprendre une apparence normale », de ne plus y penser et de passer à autre chose peut être très forte. Ces gestes peuvent apporter un sentiment de soulagement, et c’est normal de le désirer.
Mais si vous envisagez de porter plainte ou de garder vos options ouvertes, il est crucial de retarder ces actions de quelques heures, afin de préserver le plus de preuves possible et de faire la visite médico-légale. Chaque détail – un cheveu, un vêtement, une trace de salive – peut contribuer à identifier l’agresseur, confirmer votre témoignage et renforcer votre dossier si vous choisissez d’aller en justice.
Rappelez-vous :
👉 Vous pouvez toujours faire ces actions nécessaires pour vous après l’examen médical et le dépôt des preuves.
👉 Vous avez le droit de refuser certaines étapes de l’examen, tout en conservant ce qui est utile pour vous.
👉 Et surtout, vous êtes libre de changer d’idée à tout moment. Préserver les preuves ne vous oblige pas à porter plainte – cela vous laisse simplement cette possibilité.
Demandez de l’aide psychologique
Vivre une agression est traumatisant. Même si vous pensez aller « bien » sur le moment, les effets peuvent apparaître des jours ou semaines plus tard : anxiété, insomnie, cauchemars, culpabilité, flashbacks, etc.
Parler avec un(e) intervenant(e) spécialisé(e) peut faire une grande différence.
Ressources disponibles :
- Info-Aide Violence Sexuelle : 📞 1 888 933-9007 – Ligne gratuite, 24/7.
- Lignes d'écoute sociales comme le 811, Centres de femmes, CALACS, CLSC, psychologues ou travailleuses sociales.
Explorez vos recours juridiques
Vous pouvez :
- Porter plainte auprès de la police.
- Déposer une plainte au civil ou auprès d’une institution (école, université, milieu de travail, etc.).
- Faire une demande à l’IVAC (Indemnisation des victimes d’actes criminels), même sans porter plainte.
⚖️ À savoir :
- Vous pouvez porter plainte même des années après l’agression (notamment en cas d’agression sexuelle).
- Le système de justice a des limites, mais c’est un levier que vous pouvez utiliser à votre rythme.
- Bien que difficile émotionnellement, votre démarche peut vous aider à vous rétablir psychologiquement et peut aussi éviter que l'agresseur fasse d'autres victimes.
L’IVAC (Indemnisation des victimes d’actes criminels) peut vous aider à :
- Couvrir les frais médicaux et psychologiques.
- Compenser une perte de revenu liée à une agression physique ou sexuelle.
- Obtenir du soutien juridique et social.
📝 Vous n’avez pas besoin de porter plainte à la police pour en faire la demande.
➡️ Pour plus d'informations : https://www.ivac.qc.ca
Reprenez le pouvoir, à votre rythme
Il n’y a pas une seule bonne façon de réagir à une agression. Que vous décidiez de dénoncer, de parler à un proche ou de garder le silence, votre chemin est valide.
L’important est de ne pas rester isolée. Des groupes de soutien, des activités au sein d'associations spécialisées ou des thérapies individuelles peuvent vous aider à :
- Retrouver un sentiment de sécurité.
- Reprendre confiance en votre corps et vos décisions.
- Briser le silence, la honte et l'isolement.
Vous n’êtes pas seul(e)
En espérant que cet article vous apporte des pistes concrètes et vous aide à reprendre le pouvoir sur votre parcours. Si vous êtes au Québec et souhaitez joindre un groupe d’entraide axé sur l’autodéfense, la confiance et le partage, contactez-nous afin de découvrir le programme Femmes en Confiance. 💜
**✋ Avis important**
Les informations présentées dans cet article ont pour but d’informer et de soutenir les personnes victimes d’agression physique ou sexuelle. Elles ne remplacent pas l’accompagnement d’un professionnel de la santé, d’un intervenant psychosocial ou d’un conseiller juridique.
Si vous avez été victime d’une agression, nous vous encourageons fortement à contacter un organisme spécialisé ou un professionnel qualifié pour un accompagnement adapté à votre situation.
Sources officielles
- [Info-Aide Violence Sexuelle](https://infoaideviolencesexuelle.ca/jai-vecu-de-la-violence-sexuelle/)
- [Gouvernement du Québec – Victimes de crime](https://www.quebec.ca/justice-et-etat-civil/accompagnement-victimes-crime)
- [Fondation Jeunes en Tête](https://fondationjeunesentete.org/ressource/victime-dun-abus-sexuel-comment-reagir/)
- [Éducaloi – Poursuites après une agression](https://educaloi.qc.ca/capsules/agression-sexuelle-poursuivre-des-annees-apres/)
- [Protecteur du citoyen – Recours et plaintes](https://protecteurducitoyen.qc.ca/fr/conseils/capsules/recours-plainte-agression-sexuelle)
- [IVAC – Conditions d’admissibilité](https://www.ivac.qc.ca/victimes/Pages/conditions-dadmissibilite.aspx)
- [GRC – Soutien aux victimes](https://www.grc.ca/fr/violence-dans-relations/renseignements-lintention-victimes-dagression-sexuelle)
- [Calacs](https://www.calacs.ca/)
- [SOS Violence Conjugale](https://sosviolenceconjugale.ca/fr) 1-800-363-9010
- [Fem'aide](https://femaide.ca/) (Ontario)
Quoi faire après une agression sexuelle ou physique ?